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[Dishonored fan fiction] La fille de Dunwall (FR)

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Landra était désespérée. Sa vie n'avait jamais été rose, loin s'en faut, mais depuis quelques temps tout s'écroulait autour d'elle à une vitesse vertigineuse. Il y avait d'abord eu son père, tué lors du naufrage d'un baleinier où il officiait en tant que harponneur. Ensuite son petit frère, qui n'avait mis que deux mois à comprendre que ce monde n'avait rien à lui apporter et était parti aussi brutalement qu'il était venu. Et enfin sa mère, sa pauvre mère emportée par la peste deux semaines plus tôt. Ah, cette maudite peste ! Combien de familles avaient perdu un parent, et souvent plus, à cause d'elle ? Les cadavres s'entassaient par centaines dans l'ancien quartier des affaires, déserté depuis longtemps à cause de la montée des eaux. Heureusement, toute la ville n'était pas contaminée. Les hauts quartiers du centre restaient préservés, grâce à l'instauration de mesures d'isolement très strictes : d'immenses barricades en tôle noire barraient presque tous les accès, et les rares issues étaient protégées par des portails foudroyants. Sans parler des Tallboys, ces géants qui abattaient sans pitié le moindre geignard s'approchant d'un peu trop près des pavillons et des villas de la haute société de Dunwall.

Malheureusement, Landra était née du mauvais coté de la barrière. Plus exactement dans le quartier des docks, l'un des plus miteux et mal famés de la ville. Entre les quais crasseux, le vacarme incessant des bateaux déchargeant leur précieuse cargaison et l'odeur acre d'huile de baleine consumée, ce n'était vraiment pas l'endroit idéal pour mener une vie heureuse. Pourtant, son enfance s'était plutôt bien passée. Le salaire de son père, sans être faramineux, permettait d'assurer une qualité de vie correcte. Ils louaient un petit appartement confortable qui donnait sur le port, et Landra passait ses journées à escalader les montagnes de caisses entreposées sur les quais avec les autres gamins de la rue. Mais ça, c'était avant l'épidémie. Au fur et à mesure que les cas de peste se déclaraient dans le voisinage, la vie semblait refluer comme des coquillages emportés par la marée. Finis les rires d'enfants et la musique sortant des pubs bordant le quai principal. Toute la zone était rapidement devenue grise, morne, silencieuse. Pour ne pas succomber à la maladie, il fallait acheter à pris d'or des remèdes au gout infect et à l'efficacité douteuse. Les parents de Landra avaient commencé à cruellement manquer d'argent, ce qui ne fit qu'empirer après la mort de son père. Et maintenant elle était seule, désespérément seule. À 18 ans elle n'avait ni famille ni argent, et encore moins d'avenir.

« 18 ans ! » se dit-elle en remontant la rue pour rentrer chez elle. « Le même âge que l'impératrice ! » songea-t-elle en levant les yeux pour regarder au loin les tours d'ivoire du palais impérial. « Quand je pense que cette garce d'Emily Kaldwin fanfaronne la haut sur son trône trop grand pour elle, et passe son temps à organiser des réceptions dépravées où alcool et sexe sont les maîtres mots ! ». Heureusement que Corvo, le premier conseiller et protecteur de Sa Majesté, était là pour empêcher ce qui restait de l'Empire des Îles de s'écrouler, sinon il y a bien longtemps que la jeune impératrice se serait fait « évincée » par certains hommes politiques peu scrupuleux, comme ce fut le cas pour sa mère. « Et pendant que ces nobliaux batifolent dans leurs palais dorés sans se soucier de la ville qui agonise derrière leurs fenêtres, moi je patauge dans la crasse ! », maugréa Landra en refermant derrière elle la porte du petit appartement désormais terriblement vide.

Elle avait fait les comptes : le garde-manger était presque vide, de même que le réservoir d'huile de baleine servant à alimenter le chauffage. Le loyer expirait dans trois jours et elle n'avait pas assez pour payer le suivant. Elle avait bien revendu tout les bibelots qu'elle avait pu, ainsi que les quelques bijoux de sa mère, pour essayer de récupérer un peu d'argent mais ça ne suffisait pas. Ça ne suffisait jamais. Bien sur, elle avait aussi essayé de trouver du travail dans les quelques ateliers encore en fonctionnement dans le quartier, mais personne n'avait voulu d'elle. En rangeant les clés dans le tiroir de la commode du salon, elle tomba sur le seul bijou de sa mère qu'elle n'avait pas pu vendre. D'ailleurs elle n'avait même pas essayé : qui aurait voulu d'un collier de coquillages orné d'un pendentif ridicule, constitué de fragments d'os de baleine enchâssés sur une pièce de métal rouillée ? « C'est un porte-bonheur, lui avait dit sa mère il y a longtemps. Il se transmet de mère en fille depuis des générations dans notre famille, et un jour il sera à toi ». À l'évidence la breloque avait cessé de fonctionner depuis bien longtemps, songea Landra en refermant le tiroir.

L'heure était grave. Landra avait besoin de trouver de l'argent très vite sous peine de mourir de faim, de froid, ou pire encore comme ces geignards rendus fous par la peste et qui finissent désintégrés par les carreaux explosifs des Tallboys. Elle avait retourné le problème dans sa tête pendant des jours mais la seule solution qu'elle avait trouvé lui donnait envie de vomir. Malheureusement elle n'avait plus le choix : c'était le déshonneur ou la mort. Elle prit une vieille robe à franges ayant appartenu à sa mère dans la chambre, et entreprit de découper le bas de la jupe pour la raccourcir de vingt bons centimètres. « Maman serait folle si elle me voyait faire ça » pensa-t-elle tristement. Son ouvrage terminé, elle enfila le vêtement et se plaça devant le miroir de pied ébréché appuyé contre un coin de la pièce. Était-elle séduisante ? Elle ne s'était jamais vraiment posé la question, mais à croire les regards que certains hommes lui lançaient quand elle se rendait au marché, elle pouvait supposer que oui. Quelques rustres s'étaient même permis des commentaires chargés de sous-entendus peu subtils sur sa personne ! Mais aujourd'hui elle était très loin de ce genre de considérations. Elle se peignit rapidement, trouva un pot de fond de teint défraîchi sur une étagère de la salle de bain et s'en appliqua une bonne dose sur les joues, puis sorti dans le soir glacial et s'éloigna du bâtiment d'un pas vif, mais l'estomac noué comme un cordage de navire.

Elle savait où aller. La petite ruelle qui partait de derrière le bar du vieux Joe pour déboucher sur la place du marché avait depuis toujours été le lieu de rassemblement nocturne des catins de tout bord, du moins pour ce côté ci de la ville. Lorsqu'elle arriva sur les lieux, son mal de ventre reprit de plus belle. « Mais qu'est ce que je fais ici !» se lamenta Landra. Sous ses yeux, assises sur le pas des portes ou appuyées contre les lampadaires, se trouvaient une dizaine de femmes aux tenues provocantes et au maquillage criard. Lorsqu'elles aperçurent Landra, certaines s'exclamèrent : « Tiens, voila une petite nouvelle ! Approche-toi, n'aie pas peur. On est toutes dans la même galère ici ! ». Ne sachant s'il s'agissait de compassion ou de moquerie, Landra préféra garder ses distances et choisi de s'assoir sur un muret qui avait délimité autrefois une cour intérieure verdoyante, mais qui n'était plus aujourd'hui qu'un carré de boue envahi de chardons. Elle se sentait tellement honteuse et ridicule ! Elle resta assise là sans bouger pendant ce qui lui sembla une éternité, frissonnante dans le vent salé qui soufflait depuis le port.
Au fur et à mesure que la nuit s'avançait, les autres femmes disparaissaient, quittant le trottoir pour accompagner les hommes dont la plupart sortaient du pub au bout de la rue. Aucun n'avait encore fait mine de s'intéresser à elle et elle était en train de se demander comment elle réagirait lorsque, enfin, un homme l'accosterai. « Bonsoir, Landra » retentit alors une voix dans son dos, la faisant sursauter. En se retournant, elle découvrit un homme d'une vingtaine d'années, qui aurait pu lui paraitre séduisant s'il n'avait eu des yeux sombres comme deux puits sans fond et un petit sourire vaguement inquiétant. « Euh … On … On se connait ? » demanda timidement Landra. « Tu ne m'as jamais rencontré, mais moi je te connais, je t'observe. Tu me fascines, Landra » ajouta l'inconnu, plein d'assurance. « Ah … C'est … euh … gentil » bredouilla-t-elle, de plus en plus inquiète. Qui que soit cet homme, son regard d'une noirceur infinie et sa voix mielleuse la terrifiait. Elle songeait fortement à s'enfuir en courant lorsque l'autre la prit par le bras. « Qui … Qui êtes-vous ?» lâcha Landra, criant presque. « Tu n'as rien à craindre de moi » répondit-il, toujours avec ce ton doucereux qui lui vrillait les tympans. « Je viens juste t'apporter un cadeau ». « Un … cadeau ? » répéta Landra, sceptique. « Quel genre de cadeau ? ». « Tu le sauras très vite, crois moi. Suis-moi jusque chez moi et je te le donnerai ».

Ils cheminaient côte à côte depuis maintenant quelques temps, lui marchant d'un pas tranquille en regardant droit devant, tandis qu'elle n'arrêtait pas de lui jeter des coups d'œil furtifs. « Qu'est ce que ce fou compte bien m'offrir ? » se demandait Landra, perplexe. « Avec un peu de chance, ce sera un bijou d'une valeur suffisante pour que je ne sois plus obligée de faire ça ». En effet, la tenue du jeune homme laissait penser que c'était quelque noble excentrique qui devait surement posséder suffisamment d'argent pour ne pas avoir à travailler. D'ailleurs, ils se dirigeaient vers les hauts quartiers et leurs villas débordantes de luxe. « La vie est vraiment injuste ! » pensa Landra avec dégoût, malade à l'idée que certains aient tout tandis qu'elle devait se battre pour survivre. À son grand étonnement, ils bifurquèrent dans une rue annexe juste avant d'atteindre le portail foudroyant qui donnait accès au reste de la ville. Ils finirent par arriver devant une étrange petite maison biscornue coincée contre un à-pic rocheux, avec ce qui ressemblait à une mâchoire de baleine clouée au dessus de la porte. « C'est ici » lui dit l'inconnu en montrant la bâtisse. « Va-y, entre, c'est ouvert ! ». D'un pas mal assuré, Landra se dirigea vers la porte, tourna la poignée et poussa le battant dans un grincement lugubre. La suivant de près, l'homme aux yeux de nuit referma la porte derrière eux. Ils se trouvaient dans un étroit vestibule encombré d'objets exotiques dont Landra aurait été bien incapable de donner le nom ou la fonction. « Alors, où est votre cadeau ? » demanda-t-elle en essayant d'arborer un sourire enjoué. « Juste derrière toi » répondit son hôte. « Mais derrière moi c'est la sor… ». Ce qu'elle vit alors lui coupa le souffle. La porte d'entrée avait disparu, et en lieu et place de ce qui aurait du être une ruelle sombre bordée de pavillons austères, s'étendait maintenant un paysage onirique et chaotique, formé de minuscules îlots rocheux en suspension dans les airs. Elle croyait même distinguer au loin une immense baleine blanche flottant entre les nuages. Sous le choc, Landra n'arrivait plus à réfléchir ni même à parler. L'étrange inconnu se matérialisa subitement devant elle et s'exclama avec un grand sourire « Bienvenue chez moi !» tout en écartant les bras pour embrasser le paysage. Landra comprit soudain, en une pensée fulgurante qui raidit tout son corps, à qui elle avait affaire. « Vous … vous êtes l'Outsider ! » finit-elle par articuler, complètement paniquée. « On m'appelle ainsi, en effet » répondit l'autre, sans cesser de sourire. « Et voici ton cadeau ! » Landra ressentit alors une vive douleur à la main gauche. En la levant à hauteur de ses yeux, elle vit, abasourdie, un étrange tatouage apparaître sur le dos de sa main. « Ma Marque » ajouta l'être légendaire. « Grâce à elle et aux pouvoirs qu'elle te confère, tu as enfin ce dont tu as toujours rêvé : une chance de briller. Il n'appartient qu'à toi de choisir la façon dont tu marqueras les esprits, Landra. Mais une chose est sûre, le monde se souviendra de toi. Le premier pouvoir que je t'accorde est le Contrôle. Il te permet pendant un court instant d'obliger n'importe qui à faire tout ce que tu souhaites, que ce soit la meilleure des actions ou la pire des atrocités. Fais en bon usage ». Landra allait se précipiter vers lui pour lui poser un milliard de questions, mais tout devint subitement noir autour d'elle. Complètement désorientée, elle se réveilla en sueur, étendue sur son lit dans sa chambre. Elle allait se dire que toutes les péripéties de son escapade nocturne n'étaient qu'un mauvais rêve lorsqu'elle s'aperçut qu'elle portait toujours la robe déchirée de sa mère, et surtout que le motif complexe du don de l'Outsider était toujours bien visible sur sa main, luisant faiblement dans l'obscurité de la pièce.
Note for non-french readers: sorry but this text is only available in french. I'm not so bad in english but not enough to write an entire story in Shakespeare's language ^^

Cette courte nouvelle est une fan fiction qui prend place dans l'univers du jeu vidéo Dishonored. En revanche, le personnage principal de mon histoire est complètement nouveau, et le récit ne contient aucun spoiler sur l'histoire originale. Vous n'avez pas non plus besoin d'avoir déjà joué au jeu pour comprendre, mais vous passerez à côté de petites références :)

Etant donné que c'est la première fois que j'écrit une fan fiction, tous les commentaires et critiques sont les bienvenues !
© 2013 - 2024 Dixbit
Comments3
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Nariko123's avatar
Hello ! J'espère ne pas arrivé trop tard ! J'adore !! Nan franchement ! j'adore carrément ! Je viens de finir le jeu et là je suis encore ancré à Dunwall !! Et là, j'en replonge encore grâce à ta plume !! En espérant voir une suite ! A plus tard (?)